Eliminer les sources de gaspillage : les 7 gaspillages Lean des projets informatiques

C’est le principe N° 1 du Lean Software Development. C’est à la fois une façon de pensée et un concept trés opérationnel qui se traduit par l’examen attentif de 7 sources de gaspillage potentielles (« Muda ») qu’on retrouve dans la conception d’applications informatiques:

1 Travail partiellement fait

Du stock qui ne rapporte rien, qui nous rend moins réactif et qu’on doit donc absolument réduire … Avec le travail partiellement fait, on ne sait jamais si ça marche ! C’est donc risqué et ça peut devenir obsolète. Pure perte et danger, sans compter le temps pour revenir dessus !
Agile Tip !
Le développement itératif et incrémental, le « timeboxing« , le travail découpé, morcellé et des outils comme le Kanban board et des règles simples améliorent les choses. Partager une vision commune du « Done » et mettre en avant est essentiel: un sprint se termine par une demo et une livraison, c’est la base.

2 Process inutiles

Chaque process, chaque action engagée doit être source de valeur pour le Client et doit être attendu par les équipes qui en sont les destinataires. Lean nous propose un outil remarquable : la Value Stream Map, outil idéal pour chasser les process inutiles et point d’entrée inégalé pour évaluer les process de développement…
Regardez autour de vous… faites un point rapide sur votre activité, sur un projet; tracez par exemple demande Client, depuis son arrivée dans l’organisation jusqu’à son traitement effectif (client livré …), repèrez les temps d’attente qui ne rapportent rien et les activités sources de valeur, c’est trés instrcutif, parfois désolant …
Agile Tip !
Des méthodes & process simples comme SCRUM vous permettent de limiter les risques; de fréquentes rétrospectives vous permettront d’ajuster. La Value Stream Map vous guidera.

3 Excès de fonctionnalités

C’est le pire !
Le développement de fonctions non attendues, non utilisées est le plus gros gaspillage. Le standish Group a pourtant multiplié les rapports depuis une quinzaine d’années: rien n’y fait!
Simplicité et « Juste ce qu’il faut », c’est un message clé de mon blog.
Agile Tip !
L’analyse de Kano, l’intégration d’une démarche ergonomique et les feedbacks utilisateur et encore l’effort de priorisation demandé au Métier peuvent vous aider à y voir plus clair, et à concrétiser un backlog de produit, digne de ce nom

4 Passages d’une tâche à une autre

On le sait tous, cumuler les tâches et les projets est coûteux d’un point de vue cognitif, outre la surchage potentielle, c’est le temps qu’il faut pour se remettre en contexte qui constitue du temps gaspillé pour notre Client.
Agile Tip !
Une équipe intégrée, à plein temps, des sprints (itérations) courts, des règles simples comme limiter le « In progress » réduisent ce risque de gaspillage

5 Attentes et retards

Le temps pour démarrer, staffer, valider, décider, les retards dans les tests, dans le déploiement, dans l’analyse… pour au final retarder la livraison finale.
Ce qui nous pénalise : des cycles de temps qui ne dépendent pas de nous mais qui nous mettent dans une position d’attente, ou d’autres cycles dont nous sommes responsables. L’ensemble va retarder l’atteinte de nos seuls objectifs: donner exactement à notre Client ce qu’il attend de nous, où il le veut et quand il le veut, et lui apporter de la valeur au travers de nos activités.
Le gaspillage de temps n’est pas la seule conséquence… insatisfaction, livraison obsolète (le client a changé d’avis sur telle ou telle partie), livraison nulle (le client a changé d’avis tout court, et ne nous a pas attendu), produit obsolète (le marché ne nous a pas attendu !!)
Agile Tip !
Une approche itérative et incrémentale avec des cycles courts permet un feedback et une adaptation permanente et facilite les réponses au changement. Un backlog de produit estimé, priorisé et maintenu donne de la visibilité et permet de réagir vite. Le Kanban board accentuera la fluidité, et plus largement le radiateur d’informations permettra de savoir où on en est et d’identifier le cas échéant les goulets d’étranglement.

6 Transmission d’informations

Le temps pour obtenir une réponse, l’accès au client, aux équipes… il peut s’agir en premier lieu des déplacements de personnes, mais cela concerne aussi la perdition d’information qui nous guette à chaque transmission de doc. C’est un vrai problème pour les équipes distribuées…
Petit test : entre une explication en face à face, live au tableau blanc d’une interaction et de la navigation entre quelques écrans clés, et les mêmes explications, à distance, au tél (pire par mail), quel est le plus efficace ?
Agile Tip !
Proximité, war Room, équipe integrées, ateliers de travail, « juste ce qu’il faut » de documentation sont des bonnes pratiques agiles qui peuvent aider…

7 Défauts

Les défauts, anomalies sont aussi, dans l’esprit Lean, des stocks à éliminer. Une anomalie n’a pas de valeur. L’accumulation (files d’attentes ingérables et surchargées…) ou une détection trop tardive, feront exploser les côuts et les délais, sans compter la satisfaction Client et l’image que vous renvoyez.
Aujourd’hui, la qualité n’est plus négociable et les attentes sont fortes.
Agile Tip !
TDD, tests unitaires, intégration continue, standards et conventions, revues de code … bref toutes les pratiques d’ingènierie eXtreme Programming mais aussi le Feedback permanent du client, le dév. itératif, un focus sur la qualité, des techniques comme les 5 Whys améliorent sensiblement la situation

Et mon boulot, dans tout cela ?

  • D’abord comprendre où est la valeur, savoir la mesurer et vous aider à vous mettre dans la peau du Client ou de l’utilisateur
  • Apprendre à voir les gaspillages, échanger, monter de courts ateliers sur chaque source potentielle et vous aider à les éliminer
  • Etablir un plan d’action en commençant par éliminer le plus gros gaspillage (ou problème, ou contrainte) puis reboucler, dans un esprit Kaizen (« amélioration continue »), sur celui qui suit et qui devient alors le plus important

En savoir plus :

Les 7 principes fondateurs du Lean Software Development:

  1. Éliminer les sources de gaspillage
  2. Favoriser l’apprentissage
  3. Reporter la décision
  4. Livrer vite
  5. Responsabiliser l’équipe
  6. Construire la qualité intrinsèque
  7. Optimiser le système dans son ensemble

2 Comments

  1. Le problème du lean et en particulier des notions de "Muri Mura Muda" est dans la définition même du terme gaspillage. En gros, la perception d’un gaspillage pour un ergonome ne sera pas celle du responsable des méthodes ou de la qualité etc. La chasse aux gaspillages sans connaissances sur l’homme au travail est le meilleur moyen de dégrader sa production à court ou moyen terme.

    Ok, le lean est à la mode (depuis 30 ans?). Il y a les gouroux qui font du prosélytisme par best seller interposé, et lorsque l’on regarde en détails les forums sur le sujet on a :
    – (un responsable de prod) telle methode n’a pas donné de résultats/ne marche pas dans notre contexte/nous met une pression infernale
    – (réponse du zélote de service) vous n’avez pas bien appliqué l’esprit lean, yaka…

    Bref le lean tient plus de la mythologie que l’on a construite autour sur des travaux d’analyse douteux et des personnages charismatiques que sur un regard objectif du résultat de ses outils et démarches méthodologiques. Qui plus est, le concept de gestation de ce qu’on a appelé est très rarement analysé. Une "ultrasolution" de plus. Tout n’est pas à jeter et heureusement, la plupart des équipes qui sont poussées dedans trouve les moyens de s’adapter et de gérer le quotidien.

    Ex : On chasse les déplacements inutiles sur une chaine de prod. On la concoit en U, on rapproche les machine et on élimine à la louche les stocks tampons… Bravo : une ambiance sonore un peu élevée et on a une équipe qui passe la journée à se tourner le dos en ayant des difficultés pour communiquer (et par extension signaler les mises en défaut que le collègue ne voit pas sur la machine qu’il vient de quitter car il a le nez dans la suivante).
    Les marges de manoeuvre sont sucrées et les types du terrain trouveront une astuce pour régler le problème.
    Le jour de l’audit, pour ne pas se faire souffler dans les bronches, on fait comme si le système fonctionnait en l’état. Faut bien que le système fonctionne dans l’état car l’un des paramétre de comparaison des sites est : La productivité au m2…

    Bref, on part chasser le gaspi et on se tire dans le pied.

  2. Les problématiques que vous évoquez dépassent largement notre périmètre d’intervention : nous en restons à l’adaptation des principes Lean à la conception d’applications informatiques. Cela dit, le fait de les accorder, de les combiner avec les méthodes Agiles et les valeurs qu’elles véhiculent limite les risques de dérive.

    Vous avez tout à fait raison d’insister sur la nécessité d’avoir une vision partagée de ces 7 gaspillages, c’est pourquoi nous cherchons à organiser au cours de notre intervention de courts ateliers dont l’objet est de clarifier, de s’accorder et de travailler sur chacune de ces catégories avec les parties-prenantes (même si dans notre contexte, les risques de confusion sont tout de même moins forts).

7 Trackbacks / Pingbacks

  1. RISK BOARD: la gestion AGILE des risques conforme à CMMI et à PMI ! - Qualitystreet
  2. Jean Claude Grosjean
  3. Houlot Eric
  4. Sara EM
  5. Aurélie Gauthier
  6. Nicolas Ruffel
  7. LSD | Pearltrees

Les commentaires sont fermés.