Tester le Problème
Au sein du Lean Canvas et en conception produit, c’est peut être la première chose à valider en conception de nouveau produit… valider les premières hypothèses de valeur, et ce n’est sans doute pas un hasard si cette question relative au PROBLÈME à RÉSOUDRE est la première que je suis amené à poser dans le 1er Volet, VISION &ENJEUX, des workshops de cadrage de projets…
Y a -t-il un problème à résoudre et si oui le(s)quel(s) ?
Avant ensuite de chercher à qualifier plus précisément le problème…
- Importance? Coûts associés? fréquence? priorisation de ces problèmes?
- Comment les gens y font face actuellement ?
- Apports possibles d’une telle situation? (et oui… il y en a souvent…)?
- Qui subit le plus ces problèmes? (on en vient à la cible… qui se transformeront en Personas)
- Ces personnes qui le subissent sont-elles prêtes à dépenser de l’argent pour 1 solution à celui-ci? et devenir ainsi nos futurs Clients?
Inutile de chercher des solutions à ce qui n’est pas perçu comme un problème!!
C’est d’ailleurs tout l’enjeu et le premier moment de vérité pour les Equipes et Organisations se lançant dans une approche Lean Startup…
travaillons-nous sur le bon problème ? un véritable problème (qui vaut la peine d’être résolu)?
et le cas échéant, si ce n’est pas le cas, sommes nous prêts à TOUT ARRÊTER ou à changer de direction (avant que cela ne nous coûte trop cher) !
Alors comment tester le probléme?
Tester le problème reste une approche très centrée « Recherche Utilisateurs », une approche permettant de comprendre comment les personnes se comportent, ce qui leur pose problème, leurs contraintes, ce qui les frustre, ou encore les motive.
Il s’agit d’une démarche qualitative, de découverte, pour laquelle deux modes d’intervention sont envisageables:
Mode 1: Vous avez une petite idée du problème, et souhaitez explorer l’Espace Problèmes de la cible. C’est de la découverte Client, et de son contexte.
- identifier la cible
- Contacter des représentants de la cible
- Interviewer des représentants de la cible (entre 15 et 25 personnes pour des entretiens courts de 30 minutes)
L’application de ces 12 règles d’or pour des interviews Client réussies est un prérequis Les questions ouvertes dans un mode structuré mais surtout conversationnel sont de loin les plus pertinentes. Par ailleurs, n’hésitez pas à relancer et à demander des précisions aux interviewés:
- qui décide?
- avec qui?
- comment ça se passe concrètement?
- combien de temps ça prend?
- pouvez-vous me donner des exemples?
- quelles ont les conséquences?
Exemples de questions structurantes et puissantes:
- Racontez moi un peu comment vous faites pour…………….?
- Et la dernière fois, comment cela s’est passé?
- Qu’avez vous fait juste avant de démarrer? qu’avez vous fait juste aprés?
- Quelles solutions utilisez-vous pour vos aider à faire cela?
- Si vous aviez une solution miracle, qu’est ce qu’elle vous aiderait à faire?
- Quels sont les 3 principaux challenges auxquels vous devez faire face dans votre activité?
- Qu’est ce qui est source de frustration dans cette activité?
- Quelles sont vos contraintes?
- D’autres choses à ajouter?
Mode 2: Vous avez déjà en partie exploré l’espace problème (sur la base d’interviews ou d’observation des cibles dans leur contexte pour visualiser leurs problèmes) et souhaitez les faire valider par des clients.
Même démarche que précédemment:
- Identifier la cible
- Contacter des représentants de la cible
- Interviewer des représentants de la cible (là encore entre 15 et 25 personnes pour des entretiens courts de 30 minutes)
Dans ce contexte, la structure de l’Interview est moins exploratoire. Les problèmes et leur importance deviennent des hypothèses à tester. Ash Maurya dans Running Lean propose une forme d’Interview qui peut être intéressante en amenant les clients à se positionner vis à vis de ce que nous pensons être des problèmes…
Quelques remarques additionnelles:
- Même si vous êtes guidés par une bonne intuition, n’attaquez pas le problème et la situation de front, prenez un peu de hauteur, et explorez les problèmes potentiels à des niveaux d’abstraction plus élevés
- A ce stade, ne décrivez surtout pas votre solution: le focus c’est le Client, ses problèmes potentiels, et donc ce dont il a besoin (à nuancer de ce qu’il voudrait…)
- Restez sur le passé et sur le présent, ces Interviews n’ont aucun intérêt à porter sur le futur (trop de biais); par exemple, INUTILE de poser cette question: Quelles fonctionnalités devrions-nous ajouter?
- Reprenez ces problèmes et douleurs actuelles des utilisateurs interviewés sur les affiches Personas (Vos utilisateurs-types)
- Et puis, oubliez les Focus Groupes…
Tester le prototype
L’espace Problème est exploré et les problèmes identifiés.Tester le prototype, c’est évidemment s’engager dans l’espace solutions au travers d’une esquisse de solution censée répondre au problème(s) rencontré(s) par notre population cible.
L’accent est mis cette fois sur l’adéquation de la solution au problème (Est-ce la bonne solution à ce probléme? Des gens sont ils prêts à payer pour cela?) ainsi que sur la validation d’hypothèses d‘utilisabilité de celle-ci.
Le prototype peut être considéré comme une forme de MVP (Minimum Viable Product) dont les paramètres « Minimum » et « Viable » vont simplement varier selon les contextes d’Entreprise (Pur Startup ou non, sur la base de clients existants ou non, sur la base d’un produit existant ou non, image de marque, confidentialité…)
Comment tester le proto?
Au plus tôt et privilégier un cadre informel. Encore une fois, des dispositifs de test « élaborés » n’ont guère de sens à ce stade! En mode Guérilla, sur cibles grands publics, cela peut même donner par exemple au Starbuck du coin « 10 minutes de votre temps contre un café » avec le focus sur une seul scénario, l’ouverture et une clôture d’usage (« Qu’en avez-vous pensé? »)..
Les tests sont individuels, orientés buts & scénarios de tâches à réaliser par les Utilisateurs. Dans ce contexte, le prototype est interactif, c’est mieux… Il s’agira de déterminer:
- Ce qui marche bien… ce qui a est trouvé intéressant
- Ce qui n’est pas compris
- Quelles erreurs se répètent
- Si les actions entreprises étaient attendues..
- Combien de scénarios sont réalisés avec succès
- Les plus difficiles
- Les points de frustration
C’est une approche scénarisée, donc avec des BUTS à accomplir par l’utilisateur en situation de test (« Comment feriez-vous pour…? ») qui n’exclue pas d’autres cas de test comme le Test des 5 secondes (« Qu’est ce que fait le produit? » « A qui est-il destiné? » « Et maintenant, par quoi commenceriez-vous? »)
Quelques remarques additionnelles:
- Nous sommes toujours sur du qualitatif… n’oubliez pas que 80 % des problèmes pourront être découverts avec 5 utilisateurs
- Nous restons sur un Usage au Présent (et les questions du type « Utiliserez vous le produit xxxx quand il sortira » ou encore « Quelles fonctions souhaiteriez vous retrouver? » ne vous apporteront absolument rien 🙂
- Si vous devez expliquer le concept en détail ou décrire la façon dont fonctionne le prototype c’est qu’il y a peut être un autres problème… 🙂 … dans tous les cas, cela génère trop de biais pour offrir des résultats exploitables
- A ce stade, l’utilisateur- Client n’est pas un CONCEPTEUR, inutile en phase de test de lui demander des propositions d’interface
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En quoi puis-je vous aider?
Je m’appelle Jean Claude GROSJEAN. J’accompagne les personnes, les équipes, les organisations dans leur projet de transformation. Si l’art de la facilitation vous questionne, si vous souhaitez être accompagné pour l’animation d’une ou plusieurs introspectives n’hésitez pas à me contacter, je peux vous accompagner…