Donne-moi une gestion de projet plus humaine et plus efficace … une Gestion de projet 3.0 ?

Ou comment faire rimer Agilité et Entreprise 2.0, et faire en sorte que la gestion de projet Agile et Lean soit le moteur de l’entreprise de demain !

Oui c’est nécessaire, car malgré l’engouement certain (du moins dans les médias!) pour l’Entreprise 2.0 (« avant tout l’école du partage et de la collaboration », selon Fred Cavazza), les beaux principes que certaines entreprises se sont appropriées; malgré un outillage, plutôt tendance, plus simple, plus efficace la facilitant, la gestion de projet IT reste aujourd’hui à la traîne …

A LA TRAINE, OUI … PIRE SI C’ETAIT UN FREIN ?

Et si ce qui empêchait l’Entreprise 2.0 de prendre véritablement son envol et d’afficher le ROI qu’on attend d’elle, c’était justement les insuffisances des cycles de développement traditionnels et les carences d’une gestion de projet, certes outillée à la sauce 2.0, mais qui ne sait pas évoluer en profondeur?

Car, la réalité d’aujourd’hui est exigeante et ne tolère aucune faille… c’est un marché de plus en plus concurrentiel, un environnement métier, technique et fonctionnel de plus en plus complexe, des exigences de plus en plus fortes en termes de délai de mise en marché, flexibilité, de coût et de qualité …
Voilà où sont les vraies préoccupations !
L’entreprise 2.0 se donne t-elle les moyens de répondre à ces fortes préoccupations ? Le peut-elle au fond ? a priori, pour une partie oui, tant elle est un formidable levier pour plus d’efficacité au travail, pour l’apprentissage, l’expertise et l’innovation. Mais dans les faits ?

FINISSONS-EN AVEC LA RHETORIQUE… posons-nous les vraies questions !

Imaginons un instant que votre société soit le fer de lance de l’Entreprise 2.0 …
Les mentalités ont changé, des investissements ont été réalisés notamment sur 7 piliers logiciels (Blog, Bureautique 2.0, Page d’accueil personnalisée, Réseau social professionnel, RSS, Recherche et Wiki), chers à Louis Naugès. D’ailleurs, pour certains d’entre eux, il y a une véritable adoption.
Tout va bien donc … sauf que concrètement qu’est ce qui changé sur vos projets, au quotidien ?

Avez-vous et donnez-vous plus de visibilité ?
Etes vous plus réactifs ?
Gérez-vous plus efficacement les inévitables demandes de changement, les besoins émergents ?
Métier, maîtrises d’ouvrage et développement travaillent-ils main dans la main sur ces idées géniales issues de vos Labs 2.0 ?
La qualité est-elle au RDV ?
Livrez-vous plus vite ?
Vos utilisateurs sont-ils satisfaits ?

Enfin, pourquoi ce développeur ou ce chef de projet si inventif dans les brainstorms internes, paraît-il si éteint ou stressé quand il travaille sur ses projets, projets qui constituent pourtant 99 % de son activité dans l’entreprise?

Bref, les efforts que vous déployez pour vous différentier en termes de connaissances, de partage d’informations, de gestion de compétences ou d’évolution des collaborateurs ne vous permettent pas de répondre à ces questions ; pire ils seront réduits à néant, voués à l’échec si la dynamique crée ne suit pas sur le terrain des projets pour vos collaborateurs.
Et la gestion de projet 2.0 dans tout cela? Elle n’est pas à la hauteur ne travaillant qu’en surface sur un outillage à la mode, au détriment des vraies promesses sur la collaboration et sur la place de l’individu sur les projets.

EN ROUTE POUR UNE GESTION DE PROJET 3.0

Évolution ou vraie rupture, il est temps de revoir les modèles de gestion de projet IT en s’appuyant sur la logique d’entreprise 2.0, en profitant à terme de ses leviers, et surtout en consultant, en impliquant les principaux intéressés pour créer le modèle unique, le plus adapté au contexte d’entreprise.

Cette évolution nécessite de :

  • Quitter une gestion de projet 1.0, à l’ancienne, fondée sur un style de management obsolète, « J’ordonne et je contrôle » ; une gestion de projet avant tout prédictive, qui retire aux équipes leur capacité créative et ne mise pas sur l’intelligence collective. Une approche mécanique, souvent articulée autour des 9 domaines de connaissances du PMBOK et devenue avec le temps bureaucratique, ultra documentée, ultra procédurale, ultra contractualisée pour masquer ses faiblesses et ses limites face à la réalité des projets informatiques actuels qu’elle ne peut appréhender. ça ne marche pas !
  • Quitter une gestion de projet 2.0 qui ne se différencie de la précédente que par un outillage, plus simple, plus efficace, et dans l’air du temps. Basecamp, Taskii, et la vingtaine d’outils de gestion de projet 2.0 sont de très bons produits mais ce ne sont que des outils ! Sans un travail sur l’humain et les interactions, sans un travail fin sur les process et les usages, sans travail au coeur de l’organisation pour changer les mentalités et les pratiques, les résultats de cette gestion de projet seront bien minces. ça ne marche toujours pas !

Cette évolution nécessite surtout de BASCULER avec intelligence vers une gestion de projet 3.0 Agile et Lean, une gestion de projet différente, vraiment collaborative et plus humaine, qui repose sur des valeurs, des principes et des pratiques qui ont prouvé leur efficience, mais qui sera avant tout UNIQUE à chaque entreprise.

MA GESTION DE PROJET 3.0

C’est injecter de l’entreprise 2.0 au quotidien en plaçant au coeur du projet l’individu, ses motivations et ses activités, en privilégiant les personnes et leurs interactions.

C’est remettre à leur juste place Process et outils:

  • des process légers sont élaborés (par ceux qui font et connaissent le boulot) seulement pour rendre les personnes plus efficaces et apporter de la cohérence, pas plus, pas moins
  • les outils sont pensés seulement pour rendre les process plus efficients et faciliter le travail des personnes : pas plus, pas moins

C’est orchestrer différemment (sur le base des méthodes Agiles) les activités de lancement, planification, Suivi et pilotage, parfois à l’opposé des modèles existants

C’est mettre en avant les dimensions Protection et Facilitation pour aider l’équipe à gagner en autonomie, et générer une démarche collaborative (encore une fois l’esprit 2.0, cette fois entre les acteurs du projet)

C’est mettre en tâche de fond l’élimination des sources de gaspillage et donc rester vigilant sur le travail partiellement fait, les process inutiles, l’exces de fonctionnalités, les attentes & retards, le passage d’une tâche à l’autre, les transmissions d’informations, les défauts.

C’est concrétiser au quotidien les grands principes de l’entreprise 2.0 jusque là trop lointains ou déconnectés des projets :

Ma gestion de projet 3.0 c’est aussi et enfin revoir le rôle et les responsabilités du chef de projet (vers un chef de projet agile)

ET POUR TERMINER…

Il y a consensus sur le fait d’envisager une approche globale sans se focaliser sur les outils pour réussir l’Entreprise 2.0. Certains, vont plus loin, et commencent à glisser la question de l’agilité dans leur discours, je pense à Bertrand Duperrin, notamment dans cet article
L’Entreprise 2.0 doit enfin s’emparer des projets et concrétiser ses grands principes dans ceux-ci, or sans une gestion de projet Agile et Lean, avec laquelle elle a beaucoup en commun, elle ne peut y arriver.

Ma conviction :
La gestion de projet Lean et Agile est la brique essentielle de l’Entreprise 2.0, ce moteur qui lui permettra enfin de décoller, et de créer encore plus de valeur.

11 Comments

  1. jc, j’abonde dans ton sens.
    Bien évidemment, même s’il peut s’agir d’une évidence, les outils 2.0 ne sont que des outils et non une démarche.
    Injecter des méthodes agiles et lean en associant avec des outils 2.0 est une vision qui m’intéresse. Maintenant, il faut y aller !
    Pourrais-tu encore creuser la mise en place d’une GDP 3.0 dans différents contextes (des petits projets aux longs projets / de peu de collaborateurs à beaucoup de collaborateurs / …)

    Encore bravo pour ce bijou de billet 😉

  2. Hello Mathieu; merci pour ton commentaire.

    Même si le socle est commun, qu’elle se fonde sur les mêmes valeurs et les mêmes principes, cette gestion de projet 3.0 doit être UNIQUE à chaque entreprise.C’est le 1er niveau.
    L’effort le plus important doit porter sur la place de l’humain, sur les interactions et la collaboration. Il faut remettre ces éléments sur le devant de la scéne, redonnez aux acteurs des projets l’envie et le plaisir de travailler … ensemble.
    Le plus marrant, c’est que c’est trés attendu; c’est juste que beaucoup ne savent pas comment faire, ou par où commencer. Les pratiques et techniques Agiles leur prouvent alors que c’est possible !
    Dans le même temps, il faut travailler sur les sources de gaspillage, dans un esprit Lean, monter des ateliers sur ces questions pour progresser…

    Ensuite, pour répondre aux spécificités et à des contextes différents qui ne nécéssitent pas toujours les mêmes pratiques (comme tu le soulignes), il faut être en mesure d’offrir des déclinaisons, une dimension variable en termes notamment de pratiques. Un socle commun adaptable (c’est le côté process, souple et léger au service de l’humain…)

    Voilà un peu ma vision de cela …

    Le tout passe par un mode d’accompagnement cyclique, une approche Shu Ha Ri en termes de compétences et pratiques et par un système ouvert, qui puisse s’enrichir, s’améliorer, s’affiner aussi au fil de l’eau et des retours d’experience des projets. "RESTER AGILE", voilà une valeur que j’aimerais populariser et selon moi la 5ème valeur, celle qui manque à l’Agile Manifesto, et qui nous permttrait d’engager cet effort de capitalisation, inter projets, que beaucoup attendent.
    Un esprit KAIZEN ("d’amelioration continue") qui s’appuierait notamment les dispositifs collaboratifs de l’Entreprise 2.0, que nous construrions ensemble, sur mesure pour favoriser l’apprentissage et augmenter l’expertise…
    On retouve l’interêt des outils…

    Chaque chose à sa place : l’Homme – le Process – les Outils, le tout en situation.

    Bref, c’est un peu le travail, la réflexion que je mène actuellement avec une équipe de chefs de projets… un travail progressif impliquant dans une approche collaborative, parfois ludique, ceux qui font le job, ceux qui connaissent leur métier, ceux qui sont sur le terrain !

    Dans tous les cas, il ne faut pas brûler les étapes …

    JC

  3. Bonjour JC !
    Article très intéressant, j’abonde aussi dans cette direction. Je trouve d’ailleurs assez triste de voir certaines agences proposées des prestations à la sauce 2.0 alors qu’elle même sont encore au management 1.0. A quand la prise de conscience ?!

  4. Hello Sylvain,

    C’est un bon résumé…
    Quant à la prise de conscience, elle a déjà lieu sur le "terrain" … les premiers concernés posent clairement leurs attentes, identifient ce qui marche et ce qui marche pas et là où l’agilité pourrait les y aider.

    Le reste suivra forcément un jour ou l’autre !

  5. Je suis aussi d’accord, je pense même que les outils 2.0 ne peuvent persister que si la gestion de projet évolue. J’en ai fait les frais en tentant d’amener successivement plusieurs outils tels clockingIT ou même un outil maison très léger, cependant sans la mise en oeuvre de process légers et sans un minimum d’encadrement ces outils ne sont rien.

    Après chaque entreprise est différente, je pense que là où en gestion de projet 1.0 on nous apprenait une manière de faire et un outil (project pour ne pas le citer) pour tous les projets, avec les méthodes agiles et le bataillon d’outils 2.0 ce sont autant de gestion différentes pour autant de projet différents.

    Très bon article, très bon blog découvert aujourd’hui.

  6. Bien dit.
    En général quand on parle de mesurer l’efficacité d’un projet dit "2.0" je surprend mon petit monde en disant qu’il ne sert à rien de mesurer ce que fait l’outil (qui en général ne fait rien mais permet de faire) et qu’au final il vaut mieux regarder l’impact sur les indicateurs "business" classiques (pour peu qu’ils aient été choisis avec pertinence mais c’est une autre histoire). Faute d’indicateurs potables un petit tour du coté du balanced scorecard permet d’en trouver/concevoir quelques uns qui sont relativement pertinents. Ca permet de bien valider qu’on est en prise avec la réalité opérationnelle et que le projet n’est pas une fin en soi, que c’est l’amélioration d’activités très classiques qui est visée.

    Par rapport au commentaire de Pierre Rigal je soucris également pleinement. Une fois oublié les buzzwords, l’entreprise 2.0 n’est à mon avis pas autre chose que la généralisation de l’agilité à toute l’entreprise (d’ailleurs j’apprend beaucoup en regardant comment fonctionnent les développeurs qui sont à l’autre bout de mon open space).

    D’ailleurs je continue à creuser le sujet… on en reparle début 2009

  7. Je découvre votre site et ce post avec plaisir, en googlant sur "gestion projet humain" !

    En tant que praticien de la carte et de la démarche heuristiques, je suis tout à fait pour cette idée de remettre l’humain au centre des préoccupations et des projets.

    Au cas particulier, c’est aussi ce que nous cherchons à promouvoir à l’Ecole Française de l’Heuristique.

    Envie, plaisir, fierté … de faire sont en effet bien souvent les facteurs clé de succès, comme j’en ai fait pendant de très nombreuses années l’expérience opérationnelle avec mes collaborateurs … et mes patrons !

    Je serais très heureux de partager plus avant sur ces sujets "hors blog" ! et aussi avec d’autres lecteurs/contributeurs; à quand un barcamp "projet 3.0" ?

  8. Notre produit, le Project Manager Assistant (http://www.timeperformance.com/)… correspond plutôt bien à la description de ce que vous appelez la gestion de projet 3.0.

    Les outils de gestion de projet 2.0 que vous citez sont plutôt des outils collaboratifs et de gestion des tâches. C’est pourquoi l’approche innovante utilisée par notre outil s’appelle de la gestion de projet 2.0, sans faire de surenchère sur le numéro (qui n’a de toute façon aucune importance).

    Pour en savoir plus, voici 2 liens:

    http://www.timeperformance.com/
    http://www.timeperformance.com/p...

  9. Entièrement pour ce type de management.

    La différence entre un projet qui fonctionne et un autre en échec est uniquement séparée par une simple et évidente dimension humaine. La technique, on peut toujours la maîtriser…L’humain si on le prend de travers on a peu de chance de reprendre le chemin de façon sereine.

    Les français sont très en retard la dessus. Les pays anglo-saxons pratiquent déjà cette forme de gestion, avant même de voir apparaître les méthodes Agiles. C’est très bien que des modèles pré-définis soient venus présenter ces modes de fonctionnement bien plus efficaces et valorisant pour tous.
    En 1997, les dirigeants de la société pour laquelle je travaillais à Montréal, utilisait bien des éléments des méthodes agile : checkpoint journalier de 15 min debout, réservoir au mur, programmation en binome (senior + junior), convention de prog. et de tests, soirée autour d’un billard et une bière le vendredi soir 😉

    Merci à toi JC de m’avoir rassurer sur ce point.

  10. Jean-Pol Landrain
    à

    Salut JC,

    (Que de chemin parcouru depuis AA ! Bravo pour ton site que je découvre un peu par hasard)

    Pour ma part, je pense que le pire frein à la mise en place des gestions de projets Agile, c’est avant tout les mentalités. L’effort intellectuel est tellement important, il demande tellement d’investissement personnel que, bien souvent, on préfère mettre en avant la rhétorique, sans vraiment mettre en place les méthodologies que l’on « prêche » (le mot est volontairement choisi) au sein de l’entreprise. On n’ose pas vraiment se jetter à l’eau et on laisse la concurrence prendre le dessus jusqu’au moment où « il faut s’adapter », contraint et forcé, pour ne plus perdre l’avantage.

    Cela, les outils ne le changeront jamais. Comme tu l’indiques, il faut du temps pour que les idées se concrétisent. Aussi bonnes soit-elles. Certes, un outil est une aide, mais il ne fait jamais rien à votre place.

    Merci de taper dans la ruche pour aider à changer les choses! Bonne continuation.

  11. Hello Jean-Pol,

    Content d’avoir de tes nouvelles et de te compter parmi mes visiteurs. Toujours entre Belgique et Luxembourg ?

    Sur l’aspect mentalités, c’est tout à fait juste. la dimension culturelle est trés forte dans la transition vers l’Agilité, notamment niveau organisation. D’ailleurs l’agilité, c’est avant tout la culture du changement, et l’esprit Agile est le plus important.

    Côté Pratiques, cela se fait toujours en contexte …

    Bref, à bientôt …

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