Une interface conviviale (3/3)

vers des exigences d’ergonomie…
Ceci est le dernier volet de ma série consacrée au traitement de cette exigence « L’interface doit être conviviale » avec un focus sur les exigences ergonomiques, le test I.H.M. et le test d’utilisabilité (« user testing » ou « usability testing » en anglais).

Une exigence (« ce que le système doit faire ») doit, dans sa forme, être non ambigue, mesurable et vérifiable. Dans mon précédent billet, je vous présentais la stratégie à adopter pour préciser et requalifier une exigence imprécise en d’autres types d’exigences, dont les exigences d’ergonomie. Voici donc quelques exemples d’exigences d’ergonomie, accompagnées de leur mode de vérification:

  • L’application devra se conformer à la nouvelle charte graphique ABC (Test I.H.M.)
  • L’interface doit prévenir l’accès de l’application par des automates (logiciels dits robots) (Test I.H.M.)
  • La nature hiérarchique des informations doit être présentée aux utilisateurs (Test I.H.M. / Test d’utilisabilité)
  • Le tunnel de conversion une fois entamé ne doit pas avoir plus de 15% d’abandon (Test d’utilisabilité)
  • L’application devra proposer sur tous les écrans un accès permanent aux principales rubriques et aux utilitaires (Test I.H.M.)
  • Le temps pour effectuer la tâche A doit être inférieur à celui sur la version précédente (Test d’utilisabilité)
  • L’application devra proposer des écrans et moyens d’interaction cohérents (Test I.H.M.)
  • Les utilisateurs devront donner à l’application une note de satisfaction supérieure à celle de la version existante (Test d’utilisabilité)
  • 90% des utilisateurs devront réussir la tâche A sans erreur (Test d’utilisabilité)

Je distingue pour ma part (Watkins ne parle quant à lui que de « Test de convivialité » – tiens tiens « convivial ») deux modes de vérification de ces exigences: Test I.H.M. et Test d’utilisabilité. Pourquoi cette distinction ?
Disons déjà qu’on ne teste pas forcément la même chose et qu’on ne couvre pas les mêmes exigences. Ensuite, les coûts, techniques et moyens à mettre en oeuvre sont différents. Enfin le test d’utilisabilité nécessite la présence d’un ergonome pour préparer, conduire et analyser ce type de test bien particulier.

Les Tests I.H.M. ont pour but de vérifier entre autres la bonne application des régles, principes définis dans une charte d’ergonomie ou dans tout autre livrable d’ergonomie (écrans, cinématique). Plus précisément, ils vont donc vérifier la présentation visuelle (menus, paramètres d’affichage, propriètés des fenêtres, résolutions d’écran, effets de bord, position des éléments, format des tableaux, des objets…), la navigation et les interactions (par saisie, menus, claviers, déplacements dans l’écran, touches Tab, raccourcis, liens, breadcrumb, enchaînement des écrans…)
Ces tests peuvent être réalisés par un testeur (ou mieux un ergonome) sur la base d’une documentation précise.

Les tests d’utilisabilité consistent à observer en situation quasi réelle l’utilisation de l’application par des utilisateurs représentatifs. Je glisse dans cette catégorie les interviews des utilisateurs à propos du produit à concevoir ou évaluer. Plus précisément, ces tests ont pour but de valider l’acceptation, de vérifier la perception et la compréhension des contenus et fonctionnalités, des moyens de navigation, et la facilité d’utilisation. Ils cherchent aussi à vérifier le respect de certaines exigences d’ergonomie plus précises sur la base de métriques (nombre d’erreurs, temps de réalisation d’une tâche, satisfaction exprimée) relatives à la facilité d’utilisation, de compréhension ou d’apprentissage.
Ces tests doivent être menés par des ergonomes, à tout moment du cycle de vie logiciel (itératif, c’est mieux ou en cascade). Ces tests sont au coeur de la norme ISO 13407 (Conception Centrée sur l’Homme).
Le choix entre ces deux types de test sera fonction notamment de l’exigence à tester et de la stratégie de test avancée.