Portails d’entreprise : les nouveaux postes de travail (Partie 2) – une question d’évolution

Le poste de travail … une question d’évolution !

J’introduisais dans un précédent billet les nouvelles exigences posées par les portails d’entreprise, ces nouveaux postes de travail.  Avant de parler de l’ergonomie et du design d’interface des portails d’entreprise, voici une petite remise en contexte de la question du poste de travail.

Des premiers organisateurs du travail, comme Taylor jusqu’au Lean Management , la notion de poste de travail n’a cessé d’évoluer. Elle se concrétise aujourd’hui, par des portails d’entreprise nouvelle génération, véritables Bureaux métier, centrés sur l’Homme et son activité, ancrés dans le valeurs de l’entreprise 2.0.

LES PREMIERS POSTES DE TRAVAIL

Taylor introduisait dés 1903 aux Etats Unis le management scientifique au travers de l’organisation scientifique du travail (OST), et par la même une conception très appauvrie de l’Homme au travail … pour une plus grande rationalisation de la production.

Dans son livre, The Principles of Scientific Management, l’opérateur s’y voit dépossédé de son travail. Les tâches sont alors découpées, restreintes, très spécialisées et fortement délimitées.

Le poste de travail est quant à lui le reflet de cette conception de l’Homme, loin, bien loin des préoccupations individuelles de l’opérateur en situation de travail.  Il n’existe qu’une façon de faire: celle pensée par les ingénieurs qui définissent les modes opératoires que les équipes devront appliquer.

Le taylorisme se prolongea par la suite dans le fordisme, et la production de masse, et influença de façon durable la vision du management au travail. 

LA REAPPROPRIATION DU POSTE DE TRAVAIL

Il faut attendre les années 50 pour renverser la vapeur, donner à l’Homme au travail plus d’autonomie et lui permettre de se réapproprier le  poste de travail.

Cette nouvelle représentation  du travail nous vient pour l’essentiel du Japon par l’intermédiaire du Toyota Production System (TPS). Inventé par Taiichi Ohno, le TPS couplé aux travaux de Deming dans les années 80 donnera naissance au Lean.

Appliqué avec succès dés les années 50-60 chez Toyota dans le secteur automobile, le Lean se fixe pour objectif principal de livrer au plus vite un produit de qualité à moindre coût. Il s’est ensuite très vite généralisé à toute l’industrie.

Le « Lean Thinking » nous propose en effet un système global efficace et performant reposant  sur deux piliers, respect des personnes et amélioration continue, ainsi que sur 14 principes de management, hautement différentiateurs.

Le travail y est certes standardisé (il s’agit de l’un de ces 14 principes) mais ces standards ont pour caractéristique essentielle d’être définis par les opérateurs eux mêmes et de demeurer en constante évolution. De plus, la palette d’outils Lean donne enfin à l’opérateur les moyens d’agir directement sur son poste de travail.

Fort de ces succès, le Lean et sa vision du travail ont dépassé le cadre industriel pour rayonner dans d’autres secteurs, et s’intéresser aux processus de travail de l’ensemble de l’entreprise .

Le Lean Office a depuis longtemps prouvé son efficacité sur les activités de bureau, et sur les processus administratifs. Le Lean Software Development, initié par Mary et Tom Poppendieck dés 2003 prend quant à lui de plus en plus d’ampleur dans les projets de développement informatiques.

Dans le même temps, la naissance de l’ergonomie francophone en 1955 (date de la publication de l’ouvrage de référence de Faverge et Ombredane), et le recours à l’analyse ergonomique du travail, ont favorisé également ce processus de réappropriation. En effet, l’intervention ergonomique va redonner à l’Homme une place de choix dans la situation de travail tout en véhiculant une idée simple mais efficace : « pour comprendre le travail, il faut l’observer ! ». Il est intéressant de noter que c’est une idée similaire à l’un des principes forts du Lean « Genchi Genbutsu » (Aller et voir sur le terrain).

LES POSTES BUREAUTIQUES ET LES PREMIERES INTERFACES UTILISATEURS

Les années 70 marquent les vrais débuts de l’informatisation des entreprises et l’apparition des toutes premières interfaces Utilisateurs. L’ordinateur existe depuis quelques années déjà mais l’informatique de l’époque reste encore centralisée et propose essentiellement des traitement en batch. Les interfaces sont très limitées : du plein écran et de l’alpha numériques uniquement.

Avec les années 80 apparaissent les premiers micro-ordinateurs personnels grand-public sous l’imulsion principalement des deux fers de lance Apple et IBM. Les stations de travail sont désormais individuelles, et l’utilisateur est confronté aux premières interfaces graphiques, héritées des études réalisées au Xerox Palo Alto Research Center (PARC) dans les années 70. De telles interfaces reposent sur un même paradigme : le WIMP (Windows, Icons, Menus, Pointing device), la métaphore du bureau et la manipulation directe.

Le poste informatique se démocratise dans les années 90. Les systèmes d’exploitation Windows y sont sans doute pour beaucoup eux qui deviennent le moyen privilégié des particuliers et des professionnels pour accéder à leurs applications informatiques.  Les ordinateurs sont plus performants mais aussi plus abordables alors que nous entrons de plein pied dans l’ère d’Internet et du multimédia. Dés lors, les interfaces utilisateurs commencent à se multiplier : interfaces graphiques (logiciels), interfaces web, interfaces mobiles …

LE POSTE DE TRAVAIL AUJOURD’HUI

Le web est omniprésent. Les entreprises  fonctionnent de plus en plus en réseau et poursuivent la numérisation de leur processus. Les changements techniques et technologiques, mais aussi économiques, sociaux et culturels ont donc modifié les attentes et exigences du poste de travail.

Le poste bureautique s’est évidemment imposé dans les entreprises. Mais avec l’apparition de nouveaux outils collaboratifs et technologies d’interface, les entreprises étudient la mise à jour des postes de travail de leurs employés.

La question de l’accès au Système d’information est au cour des préoccupations de chacun. Les outils et valeurs de l’Entreprise 2.0 alimentent ce questionnement et soutiennent cette évolution :

  • De forts investissements ont été réalisés et se réalisent toujours sur ces 7 piliers logiciels chers à Louis Naugés: Blog, Bureautique 2.0, Page d’accueil personnalisée, Réseau social professionnel, RSS, Recherche et Wiki
  • L’idée d’une entreprise apprenante, plus humaine, s’appuyant sur la collaboration, la participation, la transparence, la responsabilisation & l’autonomie des employés fait son chemin au sein des organisations. Les valeurs de l’entreprise 2.0 sont de ce point de vue le parfait reflet du Lean Thinking.

En parallèle, de nouvelles situations de travail informatisées, en particulier mobiles, vont jusqu’à  nécessiter une véritable virtualisation du poste de travail. Une partie de celui se voit alors centralisée sur un serveur. Les premiers bénéfices de cette « révolution » sont évidents : être accessible de n’importe où, n’importe quand et à partir de n’importe quel objet interactif (c’est un peu ça l’ubimedia !)

Au final, pas mal de changements qui se traduisent par l’émergence d’une nouvelle génération de portails d’entreprise devant répondre à ces nouvelles exigences. Des portails dont le rôle doit imprétaivement aller au delà du point d’interaction unique et homogène aux application du Système d’information.

Un nouveau départ pour le portail d’entreprise !

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Jean Claude GROSJEAN - COACH d’Organisation. Coach d'Equipes - Coach Agile. J’accompagne la transformation des organisations et coach les PERSONNES, les EQUIPES dans leur nouveau parcours. La facilitation & la formation font aussi partie de mes activités. Me contacter: 06.20.98.58.40

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